« Attachement : Concepts et Applications cliniques, du bébé à la personne âgée »
UNIVERSITE RENE DIDEROT PARIS 7,
FACULTE DE MEDECINE Xavier BICHAT,
en collaboration avec l’INSTITUT MONTSOURIS
Docteur Nicole GUEDENEY, Professeur Antoine GUEDENEY
« QUAND LA THERAPIE EMDR PARLE DE LA THEORIE DE L’ATTACHEMENT: DIALOGUES ENTRE Francine SHAPIRO et J ohn BOWLBY »
Année 2015 / 2016, Mention Bien.
Extraits du mémoire : « John BOWLBY (1907-1990), psychiatre et psychanalyste anglais est le fondateur de la théorie de l’attachement. Ses travaux ont montré l’influence des relations précoces entre l’enfant et sa figure d’attachement dans l’évolution ultérieure de l’individu. L’’attachement est actif du berceau à la tombe, écrivait-il, le lien d’attachement est essentiel pour l’être humain tout au long de sa vie.
Francine SHAPIRO est docteur et chercheur en psychologie, et exerce au Mental Research Institute de Paolo Alto. Elle a conçu et développé en 1987, une méthode aujourd’hui reconnue unanimement comme efficace dans le traitement de l’état de stress post-traumatique : l’EMDR, qui est à ce jour une psychothérapie à part entière.
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« Le défi est partagé Monsieur Bowlby ! La théorie de l’attachement est au cœur de la psychothérapie EMDR. Elle a la spécificité de s’appuyer sur trois piliers : l’aspect cognitif, l’aspect émotionnel et l’aspect corporel. Il y a un véritable travail de reconstruction des expériences passées par une modification des modèles internes opérants[1] d’une part et d’autre part par la réactivation des émotions en lien avec les figures d’attachement. Pourtant, les aspects neurobiologiques[2] sont indéniables et nos hypothèses sur les mécanismes d’action n’ont pas encore livré toutes leurs réponses, bien qu’il y ait de nombreuses pistes qui s’affinent et confirment cet aspect fondamental dans le processus thérapeutique.
La théorie de l’attachement est une théorie des besoins émotionnels des bébés. Quand la figure d’attachement répond aux besoins émotionnels de l’enfant, ce dernier se sent mieux et peut se calmer. Dans la théorie de l’attachement, les caprices et le « cinéma » n’existent pas.
- Qu’est-ce que l’attachement ?
L’enfant qui s’attache, cherche la sécurité, la compréhension et le contact auprès de ses figures d’attachement. La figure d’attachement est celle qui comprend, qui prend soin et protège.
- Qu’est-ce qui déclenche l’attachement ?
A partir de 9 mois, toute distance supérieure à celle que l’enfant peut supporter déclenchera des comportements de recherche de proximité. Vers 9/ 12 mois, les enfants détestent être séparés de leurs figures d’attachement.
- Qui sont les figures d’attachement ?
Les figures d’attachement sont les personnes qui élèvent l’enfant dans les 1° mois de sa vie : le plus souvent, la mère et le père, puis les substituts parentaux (comme la nounou ou les éducateurs de la crèche).
La figure d’attachement principale est celle qui s’est occupée le plus souvent et le plus durablement de l’enfant pendant les 1° mois de la vie de l’enfant. Il est important de savoir que cette hiérarchisation des figures d’attachement a une nécessité vitale et instinctive.
Le fait que les bébés se tournent plus vers la mère que vers le père n’a rien à voir avec l’amour mais avec la construction du lien d’attachement.
Les figures d’attachement principales de construisent dans les 9 premiers mois de la vie et chacune de ses figures est irremplaçable, spécifique et non interchangeable.
- A quoi sert l’attachement ?
L’attachement a des fonctions vitales pour l’enfant :
- contribue à la survie de l’individu (rester proche de ses figures d’attachement assure sa sécurité)
- favorise la régulation psycho-physiologique des enfants (un enfant en proximité de sa maman a une régulation de son stress de meilleure qualité)
- est le socle du développement de la mentalisation (la réponse de caregiving au besoin d’attachement est le meilleur mode d’emploi des relations sociales et de l’empathie)
- constitue un tremplin pour affronter les difficultés et les crises
Un enfant à l’attachement sécure (dont les réponses des figures d’attachement sont cohérentes, répétitives et empathiques) développe plusieurs certitudes :
- la confiance en l’autre en cas de problème,
- le sentiment de valeur personnelle au regard de l’autre,
- une bonne estime de soi (je sais ce que je peux faire par moi-même; j’ai été quelqu’un de spécial et d’unique pour quelqu’un d’autre; j’ai toujours eu l’impression que, même en situation de détresse, j’avais de la valeur et que j’étais digne d’amour aux yeux des gens importants pour moi).
- Qu’apporte l’attachement sécure ?
La relation d’attachement sécure va servir comme fondation de l’autorégulation et de la gestion du stress de l’enfant. La capacité à gérer son stress joue un rôle capital dans la prévention de possibles troubles du comportement.
L’enfant acquière des modèles quand il voit ses parents réagir de manière sécurisante. Cette représentation du monde peut également prévenir de possibles troubles du comportement.
Etudier et comprendre les liens d’attachements, permettent de saisir leurs impacts:
- Les difficultés de la relation d’attachement peuvent rendre les sujets plus vulnérables, plus exposés face au stress
- Un attachement sécure est un facteur de protection face à l’adversité
- Un attachement insécure est un facteur de vulnérabilité
- Un attachement troublé est un facteur de risque
Les styles d’attachement participent au développement de la personnalité (trait like), au nombre de 4 : le style sécure et trois styles insécures : préoccupé, détaché et craintif (Bartholomew et Horowitz (1991).
- Exemple : Attachement et dépression (Bowlby 1980)
Trois types de circonstances sont des facteurs de risque de dépression ultérieure:
Mort d’un parent pendant l’enfance
Relation d’attachement insécure aux parents (modèle de soi et des autres de mauvaise qualité)
Présence de parents indisponibles
- Exemple : Attachement et anxiété
Toutes les formes d’anxiété seraient en relation avec l’attente de disponibilité de la Figure d’Attachement
Attachement résistant de l’enfant et risque accru de troubles anxieux à l’adolescence (Warren, 1999)Le plus commun des troubles anxieux : Particulièrement étudié par la théorie de l’attachement, comparaison clinique avec la phobie scolaire de l’enfant.
- Exemple : Attachement et agoraphobie
Symptôme central et consensuel : la peur de quitter et de s’éloigner de la maison (Évitement de la solitude, Situations de détresse dans lieux où l’accès rapide à un lieu familier et sûr est impossible)
ETC..
[1] Modèles Internes Opérants peut être écrit MIO ou MIOp.
[2] Les travaux de Hobson, Stickgold et Pace-Schott en 1998, ciblaient l’hypothèse que les mouvements oculaires s’accompagnent d’une activité cholinergique et augmentent les liens associatifs en mémoire. Depuis de nombreuses études valident l’effet parasympathique (système qui permet un mode de détente et de relâchement) consécutif à une stimulation oculaire. Le neurotransmetteur associé au système parasympathique est l’acétylcholine, qui sous l’action de mouvements oculaires, apaise l’amygdale et fait baisser le niveau de tension émotionnelle. L’amygdale étant le siège du cerveau limbique, là où sont emmagasinées toutes les informations sensorielles du traumatisme. (Roques, 2007,2008, 2015).